Vous dites » Le sens même de nos institutions en a été changé. Là où des dispositifs entendaient garantir au Premier Ministre, censé conduire la politique de la Nation, la stabilité dont il avait besoin, nous avons désormais un cadre qui permet au Président de mener la politique qu’il entend pendant cinq ans sans avoir à rendre de compte à quiconque. Tel n’était pas le projet initial ». C’est un avis, en l’occurrence le votre.
Pour la plupart d’entre nous il est normal qu’il y ait un Premier ministre, nous avons toujous connu cette situation. C’est de Gaulle qui a créé cette fonction. Pour lui, le président de la République est la « source » du pouvoir exécutif Cette définition de la « source » de Gaulle la définit également dans le »Renouveau » : « C’est aussi le cas pour l’institution d’un Premier ministre, ayant, avec ses collégues, à déterminer et à conduire la politique, mais qui, ne procédant que du Président dont le rôle est capital, ne pourra évidemment agir sur de graves sujets que d’aprés ses directives « .
Dés son retour au pouvoir de Gaulle fait savoir qu’il considérait que la constitution en vigueur, avec son principe de responsabilité du gouvernement face au parlement représentait bien ce qu’il voulait. « Il faut un régime présidentiel et il faut que les affaires soient traitées à l’Elysée » disait-il. Des personnalités comme Edgar Pisani, Maurice Couve de Murville, Gaston Palewski, Alain Peyreffite, Roger Frey, tous défendaient un régime présidentiel sans Premier ministre. Ils considéraient en effet que la constitution avec son principe de responsabilité du gouvernement devant le parlement, est une concession faite aux partis. La position de de Gaulle était que la France n’est pas dans un Etat fédéral. En France le Président ne détient pas tous les pouvoirs, et il faut donc qu’il y ait un Premier ministre. Il ne se voyait pas disait-il « aller au parlement défendre le prix du lait ». La France n’aura donc pas un régime présidentiel, néanmoins la réalité du pouvoir fait que la plupart des affaires seront traitées à l’Élysée.
Le général de Gaulle a donc marqué de son empreinte la philosophie du pouvoir en marquant la différence entre le chef de l’État, garant de la légitimité républicaine, élu pour sept ans, et un Premier ministre responsable devant le Parlement. C’est le Président qui dirige et lui seul. Face aux différents avec Michel Debré, cette philosophie aménera, en 1962, le Général à avoir cette répartie je cite « Qu’est ce qu’un Premier ministre, sinon le directeur de cabinet du président de la République. » Cette répartie fera dire à un collaborateur du Général « En somme, le gouvernement se transforme en conseil d’administration avec un technicien à sa tête ».
Finalement Nicolas Sarkozy, a qui on a reproché d’avoir employé le terme de « collaborateur » en parlant de son Premier ministre, était dans le droit fil de la pensée de de Gaulle, tout au moins sur ce que doit être la fonction de Premier ministre.
Vous avez donc votre propre lecture que vous exprimez, permettez moi d’en avoir une autre.